Voici maintenant une petite histoire au courant de laquelle vous devriez pouvoir reconnaître plusieurs personnes de votre entourage, ou même vous-même qui sait. Il s'agit de l'histoire du "kangourou baladeur".
Ce kangourou qui avait quitté son pays, l'Australie, et qui se disait "je saurai bien me reconnaître quelque part ailleurs !"
Devant ce kangourou agité ou fébrile, vous pourriez certes penser :
Et vous aurez tout à fait raison.
Ceci dit, avez-vous pensé aux millions de kangourous humains qui, au-travers des voyages physiques autour du monde, ou bien de "voyages mentaux" via des prises excessives de médicaments, d'alcool ou de drogue, peuvent exister de par le monde ?
Mais après quoi courent-ils, tous ces kangourous humains? Pourquoi trépignent-ils de la sorte ? Pourquoi sont-ils aussi fébriles ? Pourquoi observent-ils leurs mobiles à chaque 30 secondes ? Mais surtout : quelle est leur quête à eux? Quels inconforts réels cherchent-ils à fuir?
Se rendre compte que quelque chose ne va pas est sûrement le plus grand mérite des kangourous baladeurs, le contraire de l'inconscience.
Mais leur triste erreur est celle de chercher réponse à leur soif de plénitude, à ce goût du petit ruisseau bien au-dedans d'eux, par des sauts sans fin hors d'eux-mêmes...
Bref : ces baladeurs des temps modernes savent souvent, au-dedans d'eux-mêmes, qu'un chemin doit bien exister quelque part. Mais à défaut de connaître le"comment faire" pour y aboutir, ou bien par suite d'une trop grande hâte à y accéder, s'égarer de d'autres façons.
Savoir que l'on est égaré est déjà un premier pas, mais nul doute que les autres pas auront à graviter autour de soi-même et même au fond d'eux-même, plutôt qu'autour de la planète.
Suivre le courant de son fleuve intérieur.
Une promenade en canoë ou bien en chaloupe, sur le lit d'une rivière en mouvement, peut en enseigner autant sur la vie que bien des séances de thérapie sur des sièges en cuir.
Savoir utiliser le mouvement naturel de cette puissance liquide qu'est l'eau est sûrement le premier devoir du pagayeur expérimenté. Et l'expérience à ce niveau, comme pour toute chose, s'acquiert lentement, mais elle s'acquiert.
Notre époque mouvementée nous enseigne la science, la compétence, la compétition, mais pour ce qui est d'apprendre à naviguer nos vies ... guère plus que le pédalo.
En fait, les influences extérieures sont telles à ce niveau que l'image du bouchon de liège "offert au courant" conviendrait mieux : de quoi être désorienté à plein...
Mais qu'avons-nous à nous considérer comme de pauvres petites victimes de la fatalité? Est-ce qu'abdiquer face à soi-même, sous prétexte que nous n'avons pas le choix, que l'extérieur est trop omniprésent en nous, trop fort, est la solution ? Autrement dit : est-ce que le pagayeur n'a d'autres choix que d'affronter le courant à contre-courant ? Pourquoi ne pourrait-il pas l'utiliser à son profit afin de pouvoir aller à droite si cela lui plaît, ou bien à gauche, voire même accoster son bateau sur l'une des berges, et contempler la nature?
Plusieurs ont un petit policier dans leur tête et qui leur dit : "fais ce que l'on t'ordonnera car sinon ...". Que faire alors avec ce petit policier ? N'avez-vous pas le droit naturel de lui prendre les chevilles et puis de l'envoyer paître tout au loin, en campagne ?
Cette dépendance aux policiers de nos esprits est plus conséquente encore que celle vis-à-vis des professionnels en ce sens qu'elle est intérieure, donc moins visible, comme si nous avions un cheval de Troie dans notre esprit.
Le but est d'apprendre à être libre dans sa tête et dans son esprit, pas de jouer le jeu des influences extérieures que l'on aura intériorisées en soi, au fil des années de notre vie passée.
Et puis d'apprendre à s'écouter, à se faire confiance, à pagayer soi-même plutôt que de se laisser mener : mener la danse plutôt qu'être mené par elle.
Combien d'entre nous sont prisonniers de leurs propres peurs ? Peurs d'exister, peurs de prendre leur place légitime, peurs d'agir, peurs d'abuser, peurs de répondre non, peurs de ceci et peurs de cela, peurs d'avoir peur...
La plus grosse coquille à casser n'est pas physique mais psychologique, et origine souvent de conditionnements à obéir ayant eu court dans l'enfance (mais pas toujours).
Les gens qui mènent leurs vies avec leur Moi (leur Égo) auront très fréquemment tendance à exercer des pressions sur leurs enfants qui comporteront une forte part de tout ce qui est inhérent à ce type de fonctionnement : pouvoir, contrôle, directivité, principes imposés plus ou moins directement à l'enfant, etc. Ces éléments, même à eux seuls, pourront aider les enfants en cause à développer une identité sociale ou extérieure apparemment correcte, mais au niveau de l'identité intime, ces enfants pourraient avoir à en souffrir, notamment au niveau de leur capacité à pouvoir s'affirmer ... sans peurs.
Dans les faits, nous retrouvons toutes les transitions possibles entre les parents où le Moi prédomine très fortement, et d'autres parents où la permission d'exister et d'être est présente en tout temps.
Nous souhaitons à tous les poussins non-sortis de leur coquille psychologique de s'atteler d'abord à celle-çi, un coup de bec à la fois.
Et dites-vous bien qu'une fois que vous aurez recouvré votre liberté intérieure d'action sur votre environnement et votre vie, le sens véritable de votre vie éclatera alors et de lui-même en vous.
La direction que nous suivons à un sens, en autant bien sûr que nous soyons attentif à cette petite voix intérieure, à cette sorte d'instinct qui est en chacun de nous, pour la trouver.
Cela se fait bien sûr par petites étapes, par petites progressions, un peu comme le sourcier à la recherche d'une source d'eau souterraine, ou bien comme le compteur de radiations Geiger que l'on déplace afin de pouvoir connaître l'endroit où il y a le plus de radio-activité. Lentement mais sûrement, par petits coups, nous allons vers un but, source de sens pour soi-même en fin de compte.
Suivre son instinct pour la recherche d'un sens à sa vie - suivre sa petite "boussole intérieure" c'est d'abord et avant tout vaincre le connu et le familier, accepter le risque de l'insécurité, s'ouvrir à une sorte de liberté inconnue et parfois angoissante à supporter. Or, cela demande une sorte de courage qui fait que lorsque le train passe, on se lance pour pouvoir y embarquer, au lieu de le regarder passer, passivement.
En conclusion, nous dirons que le courage d'être ainsi que celui de trouver sens profond à sa vie, sont deux éléments très importants à une véritable santé mentale personnelle.